Retraite : quel pourcentage de votre dernier salaire toucherez-vous en cumulant les prestations du 1er et 2e pilier ?

Le taux de remplacement moyen combinant 1er et 2e pilier plafonne rarement au-dessus de 60 % du dernier salaire assuré. Un pourcentage bien inférieur à ce que bien des actifs espéraient retrouver au moment de tourner la page professionnelle. Derrière cette mécanique suisse, la réalité reste complexe : l’équilibre entre AVS et prévoyance professionnelle laisse souvent apparaître des failles, selon les parcours, les revenus, ou les passages à temps partiel.Pour beaucoup, la promesse initiale ne tient pas. Les salariés à horaires réduits, ceux dont la carrière zigzague, voient l’écart entre théorie et versements effectifs se creuser. Le compte de libre passage et les règles qui entourent la prestation de libre sortie pèsent lourd dans le calcul final des rentes : autant de paramètres qui font la vraie différence le jour où l’on passe à la retraite.

Comprendre le fonctionnement des 1er et 2e piliers pour anticiper sa retraite

Le système suisse de retraite tient sur deux socles indissociables : le 1er pilier (AVS/AI), et le 2e pilier (prévoyance professionnelle). Leur raison d’être ? Permettre à chacun de voir son niveau de vie ne pas trop chuter après l’âge retraite.

Premier étage du dispositif, le 1er pilier (assurance vieillesse, invalidité et décès) repose sur le principe simple de solidarité collective : chaque salaire annuel donne lieu à des cotisations qui alimentent les pensions. Pour une carrière complète avec un revenu moyen, le maximum atteint dès 2024 les 2 450 francs suisses chaque mois.

Le 2e pilier, lui, complète ce socle pour les salariés dépassant un certain seuil de revenu. Cette prévoyance professionnelle accumule des cotisations sur un compte propre à chacun. Quand arrive la retraite, tout le capital est converti en rente grâce à un taux de conversion réglementé (6,8 % au minimum pour la partie obligatoire en 2024). Celles et ceux qui gagnent davantage bénéficient du régime surobligatoire, assorti de règles maison.

La plupart des employés voient ainsi la combinaison de ces deux piliers atteindre un niveau global d’environ 60 % de leur dernier salaire assuré. Mais pour maintenir ce rythme, il faut remplir les conditions : durée de cotisation suffisante, salaires convenablement déclarés, suivi régulier des critères d’assurance sociale. Une vigilance s’impose pour repérer d’éventuels « trous » grâce au relevé individuel de compte et, selon le besoin, compléter les périodes blanches. Scruter sa situation, ajuster si nécessaire : rien de tel pour garder la main sur le futur montant de la pension.

À quoi sert le compte de libre passage et comment fonctionne la prestation de libre sortie ?

Le compte de libre passage devient incontournable dès lors qu’un salarié suisse quitte son poste sans rebondir immédiatement vers un nouvel emploi soumis à la prévoyance professionnelle. Ce « sas » abrite les avoirs de prévoyance collectés grâce au 2e pilier et assure la continuité des droits, même lors d’une parenthèse professionnelle. Contrairement à un compte bancaire ordinaire, il reste gelé jusqu’au retour dans le système ou l’atteinte de l’âge de la retraite.

Quant à la prestation de libre sortie, il s’agit du capital total engrangé grâce aux cotisations sociales, intérêts compris, qu’on déplace vers le compte de libre passage dès la fin d’un contrat. Les droits sont donc préservés, aucune part n’est perdue, la couverture sociale reste intacte.

Voici les principales situations dans lesquelles ce mécanisme intervient :

  • changement d’employeur avec transition entre deux emplois,
  • départ au-delà des frontières suisses,
  • pause temporaire dans le parcours professionnel.

Ce système protège donc l’épargne retraite accumulée. Les possibilités de retrait anticipé existent mais sont très encadrées : achat d’une résidence principale ou départ définitif du territoire suisse, principalement. La prestation de sortie se révèle être le rempart qui empêche la moindre rupture de droits, jusqu’à ce qu’une nouvelle activité ou la retraite vienne relancer la mécanique.

Carrière à l’étranger, statut de frontalier : quels impacts sur vos droits à la retraite ?

Changer de pays, choisir le statut de frontalier ou multiplier les expériences hors de Suisse n’est pas sans conséquence sur les droits à la retraite. Un salarié suisse parti s’installer dans un pays de l’Union européenne doit composer avec des règles parfois déconcertantes. Les périodes d’assurance passées à l’étranger peuvent s’additionner, mais uniquement en présence d’accords bilatéraux ou européens. À chaque État membre sa méthode de calcul, proportionnelle au temps passé sur place.

Pour un frontalier, il devient utile de documenter chaque période d’activité. Trimestres validés en France, années en Suisse : tous ces éléments pèseront dans le montant de la retraite à venir. Quant aux travailleurs indépendants, leur situation fait l’objet d’un examen individuel selon la nature de l’activité et la réglementation locale.

L’aspect fiscal n’est pas à négliger : taxation côté suisse, côté français, ou parfois sur les deux tableaux, selon la législation en vigueur et le domicile. Résultat : deux personnes aux profils identiques peuvent toucher des pensions aux montants nettement différents. Un réflexe à adopter : conserver soigneusement tous les justificatifs d’emplois, attestations de cotisation et documents relatifs à l’assurance. Naviguer dans une carrière internationale réclame organisation et précision administrative.

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Exemples concrets et ressources pour mieux préparer votre future pension

Ça se vérifie dans les chiffres bien plus que dans la théorie : le taux de remplacement effectif dépend de l’histoire de chacun. Un employé du secteur privé, combinant 1er pilier (AVS) et 2e pilier (LPP), perçoit en moyenne 60 % de son dernier salaire brut. Mais ce taux peut varier selon le niveau de rémunération, la continuité de la carrière et de possibles rachats d’années.

Illustration concrète : pour un cadre affichant un salaire annuel moyen de 75 000 francs suisses et 35 ans de cotisations, la pension mensuelle nette se situe autour de 3 800 CHF avec l’ensemble des deux piliers. Un salarié à temps partiel découvrira une réalité bien différente : le montant des prestations dépendra du cumul des emplois, du passage à temps réduit et des éventuelles périodes d’interruption (congé parental, chômage). Chacun de ces épisodes vient amputer le capital final.

Pour construire des projections fiables, il convient de s’appuyer d’abord sur les outils proposés par les caisses ou services de prévoyance, mais aussi de compiler scrupuleusement ses relevés de carrière provenant de chaque pays concerné et chaque régime traversé. Précision et anticipation sont ici de mise : préparer le départ à la retraite implique de s’informer sur les options de rachat d’années, la fiscalité potentielle et les démarches à effectuer auprès de chaque régime d’affiliation.

Voici quelques pistes concrètes pour avancer dans votre planification :

  • Utiliser les simulateurs officiels pour estimer la future pension
  • Consulter les guides spécifiques sur la question des impôts liés à la retraite transfrontalière
  • Se rapprocher des caisses AVS, LPP et organismes compétents pour faire le point sur son dossier

La retraite, c’est une équation dont chaque variable compte, le début d’une étape qui se prépare bien avant le passage de témoin pour éviter que le futur ne rime avec mauvaises surprises.