Un Belge sur cinq vit aujourd’hui avec une pension inférieure au seuil de pauvreté. L’augmentation programmée de l’âge légal de la retraite à 66 ans dès 2025 bouleverse les équilibres établis, tout en suscitant de nouveaux écarts générationnels.
Les chiffres officiels montrent une progression limitée de la pension moyenne, contrastant avec le coût de la vie et la situation des retraités d’hier. Les femmes restent particulièrement exposées à la précarité, malgré les réformes engagées. Les conséquences pour les finances publiques et le quotidien des futurs pensionnés s’annoncent majeures.
Où en est la pension moyenne en Belgique en 2025 ?
Le visage des pensions belges se redessine au fil des réformes et des évolutions démographiques. D’après les tout derniers chiffres du SPF, la pension moyenne en Belgique 2025 atteint 1 424 euros brut par mois pour les retraités du régime salarié, toutes carrières confondues. Une hausse modérée, loin de compenser la flambée des factures et les prix alimentaires en hausse constante. Pour beaucoup, le niveau de vie s’en ressent.
Les écarts régionaux ne s’effacent pas : Bruxelles, la Flandre et la Wallonie livrent des montants différents, résultat des parcours professionnels variés et du travail effectif réalisé. Les indépendants, eux, restent à la traîne : leur pension moyenne demeure inférieure d’environ 30 % à celle des salariés. Malgré les récentes adaptations du système, ce fossé subsiste et alimente bien des frustrations.
La question de l’équité hommes-femmes s’invite toujours dans le débat. Avec 1 134 euros brut pour les femmes contre 1 618 euros pour les hommes, l’écart est flagrant. Des carrières moins linéaires, plus d’interruptions pour raisons familiales : impossible d’ignorer l’impact de la biographie professionnelle sur le montant de la pension. Plus la carrière se rapproche de la durée complète, plus la pension grimpe. À l’inverse, ceux qui cumulent des interruptions voient leur retraite stagner, révélant la fragilité d’un système encore trop dépendant du parcours individuel.
Les personnes parties à l’âge légal, 65 ans, bientôt 66, et ayant accompli une carrière complète voient leur pension progresser plus franchement. Mais pour tous ceux dont le parcours a été haché, la réalité est plus rude. Les différences de trajectoires continuent d’alimenter les écarts.
Changements attendus en 2026 et 2027 : quelles réformes pour les futurs retraités ?
Les discussions sur l’âge légal de la pension et l’instauration d’un bonus pension prennent de l’ampleur. Dès 2026, tous les travailleurs nés après 1960 devront attendre 66 ans pour liquider leurs droits. Ce nouveau calendrier bouscule les habitudes, surtout pour ceux dont la profession pèse physiquement ou qui ont cumulé des années de labeur précoce.
Dans les cartons du gouvernement, un système de bonus-malus : la pension pourrait varier selon l’âge effectif de départ ou le nombre d’années de travail effectif. L’idée ? Encourager à prolonger l’activité au-delà de l’âge légal, tout en réduisant les incitations à partir plus tôt. Ce levier vise à préserver les équilibres du système de pension belge, dont la pression démographique ne faiblit pas. Mais la négociation s’annonce serrée, les syndicats pointant déjà le risque d’accentuer les inégalités pour ceux dont la carrière a été morcelée ou pénible.
Autre évolution : l’accès à la pension anticipée se durcit. Des conditions de carrière minimum, plus strictes, seront exigées, limitant les départs avant le nouvel âge légal. Les indépendants devraient aussi voir leur régime évoluer, avec des règles de calcul et des droits dérivés revus. L’actualité sociale laisse présager des ajustements spécifiques, notamment pour les femmes dont le parcours professionnel reste souvent interrompu.
Au-delà de ces mesures, se profile la perspective d’une réforme en profondeur, centrée sur l’emploi des seniors et la solidarité intergénérationnelle. L’équilibre financier du système et la reconnaissance des réalités du marché du travail seront au cœur des prochaines discussions.
Retraite à 66 ans : quels impacts concrets pour les citoyens et les finances publiques ?
Le passage à un âge légal de la pension fixé à 66 ans, dès 2026, rebat les cartes du système de pension belge. Pour nombre de travailleurs, ce report signifie repenser la fin de carrière, retarder certains projets et prolonger la vie active. Les années supplémentaires de travail effectif deviennent le nouveau standard pour espérer décrocher une pension à taux plein.
Les conséquences sont multiples. Pour les citoyens, ce report d’un an peut permettre de préserver un certain niveau de vie, mais il pèse lourd dans les métiers physiquement exigeants. Les professions de bureau, souvent moins exposées à l’usure, s’adaptent plus facilement à cette transition. Les indépendants, eux aussi, doivent revoir la gestion de leur activité, alors que les règles de cumul viennent d’être précisées.
D’un point de vue budgétaire, repousser l’âge légal soulage les finances publiques : moins de retraites versées, davantage de cotisations à percevoir, et un allégement temporaire de la facture. Cette option s’aligne sur la tendance observée chez les voisins européens, où l’augmentation de l’espérance de vie impose d’ajuster la durée de la vie professionnelle.
Mais cette réforme ne touche pas tout le monde de la même façon. Les femmes, dont les carrières sont plus souvent entrecoupées, rencontrent plus d’obstacles pour atteindre la pension complète. L’écart avec les hommes ne se comble pas automatiquement : il persiste, malgré les correctifs affichés.
Pauvreté des retraités, inégalités persistantes et situation des femmes : des enjeux toujours préoccupants
La réalité de la pauvreté des retraités en Belgique ne faiblit pas. Près de 17 % des plus de 65 ans vivent sous le seuil de pauvreté, un constat qui résonne dans chaque foyer concerné. Derrière ce chiffre, des parcours souvent marqués par des emplois discontinus, des périodes de maladie ou de chômage, et une capacité réduite à épargner. Si le système de pension belge amortit certains coups, il ne garantit pas à tous une retraite sereine.
L’écart entre hommes et femmes reste bien présent. Les pensions des femmes sont toujours inférieures d’environ 25 % à celles des hommes, conséquence de carrières fractionnées, d’années à temps partiel, subies ou choisies, et d’interruptions pour charges familiales. La revalorisation du minimum pension, si attendue, ne fait qu’atténuer légèrement ces différences.
Pour les familles monoparentales, la situation est encore plus précaire. Les femmes, largement majoritaires dans ce cas, cumulent des revenus modestes et des droits à la pension plus faibles. Les dispositifs correctifs, comme la majoration pour années assimilées, apportent un soutien, mais ne suffisent pas à inverser la tendance.
Voici un aperçu des montants moyens pour l’année 2025 :
- Pension femmes : en 2025, une moyenne autour de 1 270 euros net par mois.
- Pension hommes : environ 1 650 euros nets mensuels.
Face à ces constats, la nécessité d’une réforme plus profonde s’impose. Une répartition plus équilibrée des droits, la reconnaissance accrue des interruptions pour soins, ou encore une adaptation du calcul des pensions à la réalité du travail féminin : la société belge se trouve à un carrefour. Le débat s’annonce animé, et les prochains mois diront si la Belgique parvient enfin à sortir de l’ombre ces inégalités qui s’accrochent, génération après génération.


