Personne âgée : bien dormir toute la journée est-il recommandé ?

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En France, près d’un tiers des personnes de plus de 65 ans déclarent dormir en journée, parfois plusieurs heures d’affilée. Pourtant, les recommandations médicales insistent sur une limitation des siestes à moins de 30 minutes pour éviter l’insomnie nocturne.

Certains professionnels de santé évoquent des cas particuliers où des périodes de sommeil diurne prolongé s’avèrent nécessaires, notamment en cas de maladie chronique ou de convalescence. Mais l’accumulation d’heures passées au lit peut aussi masquer un trouble sous-jacent ou accélérer la perte d’autonomie.

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Le sommeil chez les seniors : évolution naturelle ou signe d’alerte ?

Au fil des ans, le sommeil se transforme. Pour beaucoup de seniors, les nuits semblent interminables, mais sans offrir le repos tant attendu. Le sommeil des seniors devient morcelé : les réveils nocturnes se multiplient, le sommeil paradoxal s’amenuise, et le temps passé allongé ne garantit plus une qualité de sommeil digne de ce nom. Selon l’institut national du sommeil et de la vigilance, plus d’une personne âgée sur deux estime que son sommeil est léger et peu réparateur.

Plusieurs changements s’observent naturellement avec l’âge. Voici les principaux bouleversements repérés par les spécialistes :

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  • baisse de la production de mélatonine, l’hormone qui orchestre le rythme veille-sommeil ;
  • tendance à s’endormir et à se réveiller plus tôt, modifiant la chronologie du sommeil ;
  • réduction du sommeil profond, pourtant précieux pour la récupération physique.

Mais doit-on s’alarmer quand une personne âgée passe l’essentiel de sa journée au lit ? L’augmentation du temps de repos ne relève pas toujours d’un simple ajustement physiologique. Parfois, elle révèle un problème : troubles respiratoires nocturnes, jambes sans repos, effets secondaires de traitements. Les réveils nocturnes fréquents provoquent une somnolence persistante en journée, avec des conséquences sur la qualité de vie et la capacité de concentration.

Certains indices ne trompent pas, d’après la national sleep foundation : perte d’appétit, isolement, confusion, chutes à répétition. Le sommeil des aînés n’est jamais anodin. Il appelle à l’observation et à la nuance pour distinguer une évolution naturelle d’un signal d’alerte.

Pourquoi certaines personnes âgées dorment-elles toute la journée ?

Chez certains seniors, le sommeil déborde sur la journée. Somnolence diurne marquée, siestes à rallonge, endormissements incontrôlés : ces signes inquiètent souvent l’entourage. Les explications ne manquent pas.

Les troubles du sommeil se placent en tête. L’apnée du sommeil, particulièrement fréquente après 65 ans, déclenche des micro-éveils répétés et invisibles, qui ruinent la qualité du repos nocturne. La fatigue s’accumule, la vigilance s’effrite. Le syndrome des jambes sans repos s’invite parfois, rendant l’endormissement difficile et fragmentant les nuits. Quand ces difficultés ne sont pas repérées ou traitées, le besoin de récupération en journée s’installe.

Les traitements prescrits pour des pathologies comme l’hypertension, la dépression ou l’anxiété peuvent aussi favoriser la somnolence. Quant à la santé globale, elle pèse lourd : maladies chroniques, douleurs persistantes, manque d’apports nutritionnels épuisent l’organisme et accroissent le besoin de dormir.

À ce tableau s’ajoute un risque souvent sous-estimé : la dépression. Chez les personnes âgées, elle se glisse insidieusement, s’exprimant plus par une fatigue extrême ou un allongement au lit que par une tristesse manifeste. Il devient alors difficile de savoir s’il s’agit d’un besoin de récupération ou d’un trouble de l’élan vital.

Lorsque le sommeil de jour s’installe, mieux vaut rester attentif à l’évolution de la situation. Un isolement progressif, des contacts qui se raréfient, une rupture avec les habitudes… Ces indices doivent conduire à un regard attentif. L’observation et l’écoute, côté entourage, ouvrent souvent la voie à la détection d’une cause médicale ou psychologique, parfois bien dissimulée.

Reconnaître les signaux d’un sommeil non réparateur

Certains signes ne trompent pas. Un sommeil haché, la fatigue au saut du lit ou la sensation de ne jamais vraiment avoir récupéré sont des indicateurs à surveiller. Chez les seniors, un sommeil non réparateur ne se traduit pas toujours par des nuits blanches. La sonnette d’alarme peut provenir d’une baisse de vigilance au fil de la journée, d’une capacité d’attention en dents de scie, ou d’un besoin répété de s’assoupir.

Voici des manifestations qui doivent inciter à s’interroger sur la qualité du sommeil :

  • Persistance d’une fatigue malgré des nuits longues en apparence
  • Irritabilité ou tendance au retrait social qui n’existaient pas auparavant
  • Instabilité, chutes, pertes d’équilibre liées à une somnolence diurne
  • Confusion passagère, troubles de la concentration

La qualité du sommeil prend le pas sur le simple nombre d’heures passées au lit. D’après l’institut national du sommeil et de la vigilance, l’enchaînement de réveils nocturnes fréquents et un cycle de sommeil perturbé constituent de véritables signaux d’alerte. Quand le sommeil paradoxal s’amenuise, la mémoire flanche, la fatigue persiste, et le quotidien s’alourdit.

Bien souvent, les proches remarquent le changement avant la personne concernée elle-même. Un aîné qui délaisse ses passions, oublie ses rendez-vous ou s’assoupit devant la télévision témoigne d’un sommeil de mauvaise qualité. Il est utile de questionner la façon dont se déroulent les réveils, la présence de douleurs nocturnes, ou la fréquence des levers pour aller aux toilettes. Ces informations aident à cerner les troubles du sommeil qui minent la qualité de vie des plus âgés.

Rester attentif au moindre signe, c’est parfois offrir à un parent la chance de retrouver, un matin, un vrai goût au réveil.